Pour la première fois depuis 2011, les ventes de CD et de vinyles ont dépassé celles du téléchargement numérique aux Etats-Unis. D’après la Recording Industry Association of America (l’équivalent du SNEP en France), les téléchargements numériques ont rapporté 1,3 milliard de dollars à l'industrie musicale américaine en 2017, tandis que les ventes physiques se sont élevées à 1,5 milliard de dollars, soit 200 millions de revenus supplémentaires.
Mais quelle est la situation aujourd’hui en France ? Comment s’organise la répartition des ventes selon les différents supports musicaux ? Assiste-t-on véritablement à un retour des vinyles et CD ?
Une profonde mutation du marché français de la musique
Tout d’abord, le marché musical français a subi d’importantes évolutions ces dernières années. Alors qu’en 2007, les revenus de l’industrie musicale étaient issus à 92,8% de la vente de supports physiques comme les CD et vinyles, l’arrivée du numérique puis du streaming a bouleversé le commerce de la musique. Désormais, les ventes en support physique représentent 51,2 % des revenus globaux. Malgré qu’elles soient en baisse constante chaque année, avec -4,7% en 2017, on constate cependant depuis 2 ans un fléchissement de plus en plus faible.
Le numérique, notamment avec l’avènement du streaming, ne monopolise donc pas encore les revenus issus de la vente de musique en France. Contre toute attente, on constate même une quasi-parité entre les recettes issues du physique et celles du numérique correspondant à 48,8%. Une des raisons principales de la ténacité du marché physique : le retour des vinyles. Ce disque grand-format séduit en effet toujours plus de consommateurs, avec des volumes multipliés par 4 en 5 ans. Cependant, il ne représente actuellement que 12,2% du chiffre d’affaires physique, ce qui laisse encore au CD-ROM sa place de leader incontesté en tant que support musical.
Le déclin du téléchargement numérique musical
Le grand perdant de cette évolution du marché musical se trouve en fin de compte être le téléchargement numérique. Ce concept qui était le moteur du marché digital il y a quelques années se retrouve désormais totalement délaissé par une grande majorité d’utilisateurs. Alors qu’il représentait 15,8% des ventes en 2012, il concerne en 2017 seulement 6% des revenus du marché avec une baisse de 18.6% par rapport à l’année précédente. Apple l’avait d’ailleurs bien compris en axant toute sa stratégie, aux dépens d’ITunes,autour de son propre service de streaming Apple Music lancé tardivement en 2015. Cela signait donc déjà bien la fin de la prédominance du téléchargement musical.
A noter une exception pour le téléchargement illégal, qui n’est pas compris dans les chiffres énoncés précédemment mais qui représente une pratique encore très répandue. 34% des consommateurs français dont 54% des 16-24 ans utilisent en effet des services de musique illicites, ce qui représente un manque à gagner conséquent pour les acteurs de l’industrie musicale. De plus en plus de solutions sont cependant apportées pour contrer ce problème, dont l’avènement de services personnalisés offerts par le streaming.
Vers une complémentarité du streaming et des ventes physiques
On vous en parlait précédemment dans un autre article, le streaming malgré sa faible rémunération des artistes possède de nombreux attraits. Il a permis de relancer la croissance d’un marché en déclin en proposant de nouvelles formes d’écoute à des prix relativement faibles. Et alors que de nombreux acteurs blâment le streaming pour la baisse générale des ventes de musique, il pourrait exister une complémentarité entre ces nouveaux services numériques et la hausse d’achats sous forme physique, comparé aux années précédentes.
D’après des études de l’institut britannique ICM, la moitié des acheteurs de vinyles écoute la musique en streaming avant d’effectuer son achat sous forme matérielle. De nombreux témoignages d’utilisateurs vont d’ailleurs dans ce sens. De plus en plus de gens souhaitent soutenir des artistes qu’ils apprécient s’ils en sont capables financièrement. Malgré la libre écoute permise par les plateformes de streaming, ils désirent aussi conserver sous forme physique et non seulement virtuelle leurs albums favoris. En effet, pourquoi dépenser de l’argent pour de la musique qui ne nous plairait pas ?
Le streaming permettrait ainsi une première découverte de la musique avant un achat final sous forme physique qui confirmerait l’attachement au projet. On observe ainsi une nouvelle vague de jeunes amateurs de musique qui découvrent non plus grâce à la radio mais au streaming, et qui collectionnent leurs œuvres favorites sous la forme de CD ou vinyles.
Boccheciampe Fabien pour CMC Studio
Sources : SNEP / ICM Unlimited / RIAA